Kamel Daoud sobre o tempo e a política na Argélia
Publicado9 Set 2015
Kamel Daoud, jornalista e escritor convidado do Próximo Futuro em Junho de 2015, onde marcou presença no debate sobre os 4 anos da Primavera Árabe, assina uma crónica sobre o tempo e a situação política da Argélia.
Le temps tuera mais jamais avec ses mains. On ne peut pas le tuer. On enfonce le couteau, le vieux tigre à chiffres abroge la lame, l’entoure de rouille et la transforme en feuille morte puis se relève et va glissant de peau en peau. La prière est une recette ancienne pour perforer la peau du temps : lancer la main suppliante vers la berge du ciel, essayer de se traîner hors de l’écoulement, ramper vers le Dieu choisi comme amarre, puis lentement se faire absorber par le sable mouvant et revenir vers la broyeuse insonore. Les drogues aussi perforent le temps. Mais ne le tuent pas. Il s’y adapte et finit par en investir les alvéoles creuses, imposer ses chiffres distendus comme des caoutchoucs puis réimposer le décompte. Au sein même de la rime. La littérature aussi : créer contourne l’éternité. Les dieux en usent puis s’enferment déçus. Reste le sommeil. Une façon de flotter dans une horloge mais cela ne dure pas.
Tuer le temps. Toute la journée. Puis se tuer en lui. Elever les livres en colonnes pour le vaincre. Construire et ériger. Dessiner de lourdes peintures ; mais il finit par vaincre.
O texto completo em Chronique anachronique