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"Les alignés: Internationalistes à l’ère transnationale", por Aziz Salmone Fall

Publicado14 Out 2013

Aziz Salmone Fall

Aziz Salmone Fall, politólogo de origem senegalesa e egípcia, professor universitário e fundador de GRILA - Groupe de Recherche et d´Initiative pour la Libération de l' Afrique, proferiu este discurso no passado dia 30 de Setembro em Argel, no encontro "Le Sud, quelles alternatives?", organizado pela Agence algérienne pour le rayonnement culturel (AARC) em colaboração com o Forum mondial des alternatives (FMA) e o Forum du Tiers-monde (FTM). 

Transcrevemos aqui o discurso a partir do site do Institut Tunisien des Relations Internationales:


Je vous présente les salutations fraternelles des membres du GRILA, et vous remercie de me faire l’honneur de participer à cette rencontre. Merci de me donner l’opportunité, un trimestre plus tard, de revenir sur ce même podium où nous avions dénoncé le projet de l’AFRICOM, et d’être votre dernier conférencier.

Durant ces journées, nous avons essayé de nous immuniser contre le virus de la pensée et de la pratique néolibérale et impérialiste, en resserrant nos rangs à Alger, car son hégémonie obscurcit et pollue l’horizon du monde et nous fait croire que nous ne pouvons pas agir et que son ordre serait indépassable. Nous avons essayé d’esquisser un débat théorique pour proposer des alternatives contre l’anomie du monde qu’il impose et ouvrir des portes d’espérance.

En février 1927, à Bruxelles se tient le congrès de la ligue contre l’oppression coloniale siégeant à Berlin. Ce congrès débouche sur la création de la Ligue anti-impérialiste. Notre compatriote Lamine Senghor faisait partie du bureau politique. Le comité d’honneur est composé de Mme SunYat Sen, Albert Einstein, Henri Barbusse, Maxime Gorki, Mohamed Hatta, Jahawarbal Nehru, Messali Hadj, Paul Henri Spaak, Charles Plisnier, Willy Munzenberg.

Ces gens, comme les autres internationalistes de l’ère suivante, ceux de l’époque de Ben Barka, de Amilcar Cabral, de Ché Guevara ont appris à lutter, au péril de leur vie, avec peu de moyens matériels et surtout n’ont jamais été rebutés par des problèmes logistiques, ni à tendre la main à des ONG du nord ou des forces des pays du centre pour remplir leur rôle d’intellectuel organique.

Il nous incombe, dans ce moment historique exceptionnel de redéploiement de l’impérialisme, de contribuer à parachever leur effort. Construire un réseau internationaliste collectif de résistance à l’impérialisme, en commençant par renforcer son axe dans les portions les plus porteuses de sa périphérie. Il manque impérativement un niveau politique, qui n’existe que sporadiquement de façon évènementiel. Cette nébuleuse organisée est diverse doit rallier, sur la base d’un internationalisme, les fronts, partis, mouvements et individus susceptibles de proposer au réseau altermondialiste, comme aux formations sociales et aux forces productives ou sans emploi du monde un projet alternatif au capitalisme, contre la modernisation de la paupérisation et la dépolitisation technocratique, un projet libre, égalitaire, démocratique, féministe, solidaire pour la construction d’un ordre universaliste responsable sans oppression pour l’humain comme pour la nature. Ceci doit se faire, de façon respectueuse, démocratiquement unitaire dans la diversité de nos obédiences, avec la perspective de la reconstruction d’un front mondial du travail.

Ne nous laissons pas rebuter par les contraintes logistiques, et dépassons nos sensibilités politiques et nos différences crypto-personnelles. Méfions nous de la récupération et de la cooptation de réseaux d’ONG qui imposeraient forcément des conditionnalités et maintiendraient des liens de dépendance. Surtout, tissons des liens solides prioritairement avec les internationalistes authentiques dans les pays du centre.

Au Forum Social mondial de Tunis de 2013, la réunion du groupe Sud/Sud s’est achevée sur un constat axé sur quelques uns des enjeux découlant de nos travaux.

Considérant que l’enjeu du bien commun et des derniers espaces non marchandisés et la pertinence de l’adoption d’une déclaration universelle du bien commun de l’Humanité nous ont interpellé et que nous n’avons pas pu achever notre travail d’appréciation du document ;

Considérant que les espaces nationaux de souveraineté, ces dernières décennies, ont été considérablement bouleversés par des pratiques arbitraires injustes et autoritaires des grandes institutions financières qu’elles soient publiques ou privées ;

Considérant que le recours à la guerre est la solution que la triade sénile impose au monde pour la reproduction d’un ordre rejeté par l’essentiel de la population mondiale

Considérant que les conséquences sociopolitiques et écologiques de ces mesures prendront des décennies à s’estomper dans nos pays ;

Considérant que les mécanismes de régulations qui existent à l’échelle mondiale, qu’ils soient multilatéraux ou autres sont devenus séniles ou le plus souvent inopérants ;

Considérant que les rencontres associatives d’agglutination, bien que pertinentes, rendent difficiles un travail structuré et anti-impérialiste ;

Considérant que les revendications et les mesures issues du mouvement des non alignés de Bandung ont constitué, à l’ère de la guerre froide, une voie médiane des nationalismes défendant la souveraineté démocratique. Elles ont été des avancées nationalistes bourgeoises ou petites bourgeoises et pour l’essentiel toujours pertinentes quoique considérablement essoufflées ;

Considérant que l’ère de la bi-polarisation du monde Est-Ouest s’est éteinte, et que celle Nord-Sud persiste comme l’est l’impérialisme dans des formes plus sophistiquées ;

Considérant la dispersion des itinéraires étatiques au Sud, épuisant le potentiel du groupe des 77 ;

Constatant une anémie de l’étatisme quant à la formulation des politiques publiques ;

Notant une avancée substantielle de la gauche en Amérique latine, le frein apporté aux révoltes en Afrique du Nord, mais aussi plus largement un désarroi de la gauche et une grande nécessité de repolitisation démocratique des masses ;

Le comité Sud/Sud déduit qu’il importe d’approfondir les luttes historiques qui ont été menées et urgemment d’en manœuvrer d’autres de façon plus hardie.

Nous optons pour des alternatives plus structurées et susceptibles de mieux traduire les aspirations de nos peuples. Cette stratégie doit refléter non seulement les points de vue de forces progressistes du Sud, mais aussi ceux du Nord disposés à les soutenir. Il nous faut, pour ce faire, dépasser les phases d’indignation, s’engager davantage et faire singulièrement preuve d’audace. Il importe de revigorer la riposte, en redéployant le front du Sud, c’est-à-dire en remettant le pendule historique dans le sens radicalisé des exigences de la tricontinentale et œuvrer pour l’avènement d’une 5ème internationale ou plus largement d’un front mondial anti-impérialiste. Cet horizon passe par la convergence dans la diversité de l’effort progressiste de sauver le bien commun de l’Humanité qui nous servira opportunément de tremplin d’unité. Construire un front contre la compradorisation.

Les groupes participants conviennent qu’à Alger soit discuté un agenda de contenu pour une rencontre tricontinentale à Hanoï pour deux objectifs:

-  l’élaboration d’un cadre concerté d’appui au contenu de la déclaration universelle du bien commun de l’Humanité ;
- l’élaboration d’une plateforme de convergence tricontinentale internationaliste.

La rencontre de Hanoï devrait non seulement se conclure sur l’adoption de la déclaration, mais aussi camper l’organisation de l’étape suivante, soit la tenue de Bandung II et/ou de Quito 21. Bandung II / Quito 21 sommet des alignés est prévu comme la seconde étape décisive de l’affirmation de souveraineté démocratique et populaire. Ici, il s’agit résolument de parachever les acquis de l’ère précédente, en affirmant sans complexe un alignement de formations sociales, mouvements populaires, partis politiques, associations, d’individus sur les bases de l’internationalisme dans les conditions particulières que dessine l’ère transnationale.

Bandung II/Quito dessine l’architecture du projet de société d’un monde polycentrique où les forces populaires du Sud, exaspérées par le monologue Nord-Sud, proposent d’infléchir la mondialisation vers un développement plus équilibré, la justice sociale, la sauvegarde de la terre mère et du bien vivre, du savoir vivre et du savoir être.