Daniela Thomas - Breath
Publicado14 Jun 2012
DANIELA THOMAS (Brasil, 1959) é cenógrafa, realizadora de cinema, encenadora de teatro, guionista e dramaturga. Realizou o seu primeiro cenário para a estreia de “All Strange Away”, de Samuel Beckett, apresentado no La MaMa Experimental Theatre, em Nova Iorque, em 1984. Tem-se dedicado também à criação de guiões e à realização de filmes como “Terra Estrangeira”, “Linha de Passe” e “Insolação”, longas-metragens selecionadas para a competição oficial dos Festivais de Cannes e Veneza (“Linha de Passe” ganhou a Palma de Ouro de melhor atriz, em 2007) e ao design de exposições. Os seus trabalhos já estiveram expostos nas Bienais de São Paulo, de 1987 e 1989, na Bienal do Mercosul, em 2009, e na Bienal de Lyon de 2011, estes últimos com a montagem da micropeça “Breath”, de Samuel Beckett.
Para o crítico Yan Michalski, "Daniela Thomas é uma extraordinária artista plástica do palco, que parte sempre de um choque visual básico, em vários casos constituído de paredes cuja altura desmedida e cuja textura insólita configuram uma ruptura violenta com os padrões realistas, e um ponto de partida para a criação de um universo fantasioso e simbólico, que fornece uma complexa soma de sugestões metafóricas sobre a situação dramática em que as personagens se encontram. Significativos, a este respeito, foram: a monumental biblioteca na qual ela ambientou magistralmente as três peças da Trilogia Kafka; o inesperado cenário para O Navio Fantasma, sem o qual a polêmica sugestão entre a ópera wagneriana e a mentalidade nazista empreendida pelo encenador nunca teria levantado vôo; ou, ainda, a cortina de tule por trás da qual ela esfumava toda a ação de Eletra Com Creta. Do mesmo modo, seus figurinos tendem a transformar as personagens em sugestões deturpadas de seres humanos reais, mas essa própria deformação se torna uma generosa fonte de informações poéticas sobre a maneira de esses personagens estarem no mundo. E cada superfície que ela cria na sua cenografia ou seus figurinos é um incomparável espaço preparado para receber e projetar com o máximo rendimento a personalíssima linguagem de iluminação que constitui o cartão de visita mais espetacular da gramática cênica de Gerald Thomas".
in Itaú Cultural.
SAMUEL BECKETT/DANIELA THOMAS
SAMUEL BECKETT
Né en 1906 à Dublin, Irlande.
Décédé à Paris en 1989.
DANIELA THOMAS
Née en 1959 à Rio de Janeiro, Brésil.
Vit et travaille à São Paulo, Brésil.
Œuvre
"Breath" | La Sucrière
Samuel Beckett fut celui qui, face à la nécessité de consolider sa propre voix, prit tous les risques possibles et décida de dés-apprendre ce qu’il avait appris, et d’écrire en français — langue qu’il ne maîtrisait pas à la perfection — avec le désir de s’appauvrir encore. Dans Breath, sa pièce de théâtre la plus éphémère, Beckett laisse de côté la durée et son propre langage pour se concentrer sur le moment qui qualifie tout à la fois l’existence humaine et sa précarité. Breath a été écrit en anglais quelque temps avant d’être envoyée à New York, en 1969, en réponse à la demande de Kenneth Tynan d’une contribution à sa pièce Oh !Calcutta! Le texte original a d’abord été publié dans Gambit, vol. 4, n° 16 (1970). La pièce a été produite à l’Eden Theater, à New York, le 16 juin 1969, et a été jouée pour la première fois en Grande-Bretagne au Close Theater Club, à Glasgow, en octobre 1969.
Pour la Biennale, Daniela Thomas, très célèbre réalisatrice brésilienne et décoratrice de théâtre, a choisi de suivre à la perfection les instructions de Beckett. Elle a mis en scène Breath une première fois à Porto Alegre, au Brésil, à l’occasion de la 7e Biennale de Mercosul (2009) dont le commissariat a été assuré par Victoria Noorthoorn.
Description
Bruits de souffle, cris, jeu de lumière, déchets disposés au sol de manière « non verticale ».
En savoir plus
Le scénario de Breath est un texte de commande de Kenneth Tynian, écrivain et critique de théâtre anglais, directeur de la revue d’avant-garde théâtrale Oh ! Calcutta !, projet de spectacle érotique, produit à Broadway en 1969, avec des contributions de John Lennon, Jules Feiffer, Dan Greenburg, Jacques Levy, Leonard Melfi, David Newman, Robert Benton, Sam Shepard, Clovis Trouille, Kenneth Tynan and Sherman Yellen, et dont on trouve des enregistrements sur disques vinyls. Avec plus de 1400 représentations, ce spectacle est le plus joué à ce jour à Broadway. Kenneth Tynian n’a d’ailleurs pas hésité à affirmer que la pièce de Beckett avait été vue par « 85 millions spectateurs ». Beckett s’est définitivement brouillé avec Tynan suite aux premières représentations, ce dernier ayant choisi, à l’opposé du projet initial de Beckett, de faire déambuler des acteurs nus au milieu des détritus.
Pistes d’exploitation
- L’esthétique de l’épuisement (d’après Gilles Deleuze). Vision d’une vacuité primordiale, aux lisières du visuel, du verbal, de l’objet, du corporel.
- Un théâtre de la vision / la dimension métaphorique de la pièce
- Une via negativa de l’érotisme ou l’organisation d’un mystère : un érotisme expurgé de toute sensualité, nudité etc., et contrarié par l’image des déchets au premier plan
- Un effet d’attente (le noir) suivi d’une durée concentrée pour une expérience soma-esthétique (Richard Shusterman) décuplée (un kairos, un flash…)
- Une déconstruction de la situation de communication du théâtre à l’italienne
- Le corps en creux. Absence visuelle, mais présence auditive (le souffle) et trace de l’activité corporelle (les déchets)
- De l’intermède (théâtre, depuis le XVIe siècle) à l’Intermedia (Dick Higgins, 1965). A l’origine, le terme provient de l’adjectif italien intermedio, lequel sert à dénoter un état de transition. D’un usage courant dans le vocabulaire théâtral depuis le XVIe, il désigne une courte pièce, un divertissement lyrique, chorégraphique ou musical s’intercalant entre les actes d’une pièce de théâtre, d’un opéra ou les parties d’un spectacle. Dans l’histoire du théâtre européen, l’intermède s’est progressivement autonomisé jusqu’à donner naissance aux intermèdes-ballets et aux intermèdes-intrumentaux dans le théâtre du XVIIe, ainsi qu’aux intermèdes-bouffes (renommés opéras-bouffes) à partir du milieu du XVIIIe. Or, ce même terme a également servi à l’un des protagonistes et théoriciens de Fluxus, afin de désigner la qualité d’intermédialité des œuvres représentatives de Fluxus, notamment l’Event. En effet, l’une des caractéristiques principales de ces pièces, souvent actualisées de manière performative, tient à la quasi-impossibilité de pouvoir leur assigner un champ d’inscription générique précis (littérature, théâtre ou arts visuels). N’est-ce pas précisément le cas également de Breath, dont on peine à dire s’il s’agit d’une installation, d’une pièce de théâtre ou d’une vision intérieure ?
- La mise en scène de Daniela Thomas et l’interprétation du scénario-partition de Beckett : élongation du temps de 25 secondes à 67 secondes. Le choix d’une séance toutes les 20 minutes. La mise en espace et le dispositif global.
- Etude littéraire du texte de la pièce : Deux blocs textuels séparés visuellement par une barre horizontale. Bloc I : exposé du déroulement du processus découpé en 5 mouvements numérotés de 1 à 5, et dont les durées sont clairement énoncées. Bloc II : exposé des modalités de mise en scène. La syntaxe procède par juxtaposition, accumulation et énumération (phrases nominales), et relève davantage du style des didascalies ou des notes de travail / de la notation, que d’un dialogue, d’une action théâtrale à proprement parler. La fonction non-verbale domine ces indications scéniques. Le temps qu’il faut pour lire mentalement ces notes de mise en scène est d’environ 25 secondes, soit une durée identique à la réalisation scénique de la pièce. Lecture mentale et mise en scène se résorbent donc l’une sur l’autre, ajoutant au caractère génériquement indifférencié de cette pièce ? En effet, l’œuvre peut être envisagée tour à tour et simultanément comme un poème, un scénario, une pièce de théâtre ou une installation.
Bibliographie
- Le texte en version française (Souffle. Intermède) est paru dans Samuel Beckett, Comédie et actes divers, Paris, Minuit, 2009 (1970), p. 135-137.
- Gilles Deleuze, L’épuisé, in ‘Samuel Beckett, Quad et autres pièces pour la télévision’, Paris, Minuit, 1992
- Tom Bishop et Raymond Federman Samuel Beckett. Edition de l'Herne, Fayard / Les Cahiers de l’Herne, 1997
Breath, Daniela Thomas, 22 Jun 2012 – 1 Jul 2012, Grande Auditório, Entrada livre
Daniela Thomas - Breath, no Facebook.